Des frites renommées désir
Je sais bien qu’il ne faut pas parler des restaurants où on a été invités, qu’on ne mélange pas les genres et les gens, mais il faut absolument que vous sachiez un truc. Mais avant, je tiens à dire que j’ai des circonstances atténuantes : la preuve, je n’en ramène que deux photos.
D’abord c’était la première fois, et ce n’était même pas dans le cadre de ces activités de critique amateur, mais en tant que compagnon, ce qui rappelle à la modestie. Et c’était pour des repas-tests, des jeux grandeur nature où serveurs, cuisiniers et bartenders s’asseyent à table à tour de rôle et apprennent le leur. Et moi le mien, car apporter une critique sur sa carte à un restaurateur, c’est autre chose que de faire le malin sur Instagram.

Évidemment, une fois qu’on a mentionné l’invitation, l’honnêteté pourrit tout : je le sais bien, je ne peux pas en lire une sans voir tout compliment comme une preuve de la reconnaissance du ventre, et toute nuance comme celle, hypocrite, de son indépendance.
Donc avant de dire tout ce qu’il y a de bien à la Renommée, sachez une chose : on y sert probablement les meilleures frites de Paris.
Peut-être aussi le meilleur burger, mais, aléas des invitations, je ne l’ai même pas encore goûté. Les frites, en tout cas, sont exceptionnelles. Des allumettes dorées au suif de bœuf et salées avec juste ce qu’il faut de démesure, que j’ai immédiatement qualifiées « d’elevated McDonalds », ce qui est pour moi le plus grand compliment, tant il s’agit du maître-étalon de la frite, qui a le goût d’un idéal-type et de la nostalgie, qui est servi ici. Mais en mieux.

À elles seules, elles valent de venir goûter à cette opulence toute américaine : la carte qui incite au dîner à trois Martini, la générosité exceptionnelle des portions, la richesse beurrée des viandes maturées et des sides qui se révèlent parmi les meilleures surprises…
Il ne manque qu’une chose pour illuminer la carte, et c’est une touche d’acidité, une salade d’herbe, et/ou de radis, un truc très vif, très citronné, entre Alison Roman et Fergus Henderson, pour guider jusqu’aux desserts. Et l’avantage d’avoir été invité, c’est que j’ai déjà pu le dire.